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L’État ne manque jamais de ressources pour protéger les Français contre eux-mêmes

Big Mother1 is caring you : le visionnaire du despotisme d’aujourd’hui n’est pas Orwell mais Tocqueville. Lequel, dans De la démocratie en Amérique, anticipait l’émergence d’un pouvoir « prévoyant et doux » – qu’il ne qualifiait pas encore de « maternel ». Un siècle plus tard, Pompidou s’insurgeait contre cette bienveillance intrusive : « Arrêtez d’emmerder les Français ! », disait-il en 1966. Il n’avait encore rien vu. Il n’imaginait certainement pas que ses successeurs signeraient des décrets relatifs à la sécurité des ascenseurs, comme Raffarin en 2004, ou à celle des alarmes de piscine, comme Fillon en 2009.

Que l’État protège, dira-t-on, c’est la moindre des choses, c’est pour ça qu’on l’a inventé. Mais en quelques décennies, nous sommes passés de la protection à l’infantilisation. Sa sollicitude accompagne le citoyen du berceau à la tombe, en écartant de lui les innombrables périls qui le guettent entre les deux. L’État nous protège des accidents de la route et des cancers du poumon, de l’incendie et de la noyade. Des menaces futures, des canicules et épidémies encore inconnues. Surtout, il s’emploie de plus en plus à nous protéger de nous-mêmes, traquant nos petits vices et nos mauvaises habitudes.

Cette bienveillance s’est déployée dans tous les secteurs de l’existence individuelle, nous disant comment dormir, boire ou nous déplacer. Elle cherche à convaincre à coups de campagnes, parfois en vantant les bienfaits de la vie « manger-bouger », le plus souvent en décrivant les souffrances terribles qui attendent les réfractaires. Il lui arrive de taxer – les fabricants de soda, responsables de l’obésité, ou les propriétaires de voitures trop vieilles. Mais ce qu’elle fait le plus volontiers, c’est interdire ou imposer. De la circulaire européenne à l’arrêté municipal, des centaines de textes réglementent les comportements et balisent la « vie ordinaire ». La logique implacable de ce nouveau maternalisme a été formulé par Hans Jonas : « In dubio, pro malo2 », « Dans le doute, attends-toi au pire ». La cigarette menant au cancer aussi directement que le verre de vin au platane, la devise de l’État-nounou est : mieux vaut interdire que guérir !

Voir en ligne : http://www.causeur.fr/tabac-vitesse...