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Fonctionnaires : au service des Français, de l’État, ou d’eux-mêmes ?

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France

Cette question se pose bien au-delà des récits hallucinants faits par des paysans désespérés : de quelle mission la Fonction Publique se croit-elle investie dans notre pays ? Apparemment, ce ne serait pas le service des Français qui l’anime.

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Nos commentateurs autorisés semblent découvrir à chaque crise que dans une France où les fonctionnaires, les impôts et les taxes poussent comme des champignons à la rosée du matin, le pays soit si mal administré, plonge dans tous les classements internationaux, fasse fuir les entrepreneurs français, qu’il faille un véritable parcours du combattant pour renouveler un passeport ou une carte d’identité, pour trouver un médecin qui veuille bien vous soigner lorsque votre référant part en retraite, que la dette soit abyssale, que les prisons, les commissariats et les tribunaux soient dans un état lamentable, j’arrête là une litanie qui pourrait durer autant qu’une neuvaine.

En fait il n’y a rien de surprenant en l’espèce. La France est malade d’un excès de prise de bureaucrates, au même titre qu’on peut mourir d’un excès de prise de médicaments. Tout cela a commencé en 1981, lorsque la gauche est arrivée au pouvoir en promettant des emplois publics, dont la France n’avait d’ailleurs pas besoin, promesse d’autant plus facile à tenir qu’elle faisait de ces nouveaux fonctionnaires des électeurs reconnaissants. Et cela ne s’est jamais arrêté depuis. François Fillon, le seul qui ait parlé pendant la campagne présidentielle de 2017 de baisser le nombre de fonctionnaires, s’est vite fait dégager, comme par hasard.

Dans une France « suradministrée », en clair disposant de beaucoup plus de fonctionnaires que nécessaire, la première activité du fonctionnaire sous-employé, (pas tous, mais un bon paquet), est de justifier son poste. A ce titre, lorsqu’il n’a rien à faire, il imagine des « normes », des formulaires, des réglementations, etc… vous voyez l’idée, qui l’occuperont tout au long des 35 heures réglementaires, et qui même, s’il est suffisamment imaginatif, lui permettront de faire des heures supplémentaires, de se faire bien voir par son chef, qui, dans un service débordé, demandera de nouveaux moyens, et de ses collègues qui n’en peuvent plus de surveiller la pendule et qui seront bienheureux de se sentir utiles

La seconde activité du fonctionnaire est de justifier son traitement, aussi modeste soit-il. Le fonctionnaire, en effet, n’oublie jamais que c’est l’impôt qui le rémunère, et l’impôt, c’est l’argent de l’État, dont il est le serviteur zélé et conscient que cet argent doit être utilisé avec discernement et parcimonie. Quand il ne peut pas faire gagner de l’argent à l’État en punissant le contrevenant aux normes, formulaires, réglementations, le fonctionnaire zélé va tout mettre en œuvre, avec une mauvaise foi qui trouve sa pleine mesure avec l’expérience, pour lui en faire économiser.

Or qui dit normes, formulaires, règlements dit contrôles de la bonne application, dit recrutement de contrôleurs, vérificateurs, dit punition pour non-respect d’iceux et d’icelles. Qui dit punition dit procès, tribunaux, juges, avocats, prisons, huissiers… Les contrôleurs, par nature parfaitement irresponsables, qu’ils contrôlent le diamètre des petits pois ou la comptabilité d’une entreprise, conçoivent leur rôle comme celui d’un Zorro qui défend l’État contre les malversations de ses administrés. Leur devise : en tout contribuable, en tout paysan, en tout artisan, en tout commerçant, en tout entrepreneur, se cache un fraudeur ontologique à qui il faut faire payer son crime de lèse-État. Double effet kiss cool : on punit le plus sévèrement possible un délinquant pour lui faire passer le goût de la fraude, et on fait rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, merci les fonctionnaires.

Ajoutons à ces considérations le zèle que mettent certains d’entre eux à retarder autant que possible, pour ce qu’ils croient être l’intérêt de leur État employeur, les paiements et remboursements dus aux créditeurs de l’État – 6 mois pour se faire payer une facture, 9 mois pour régulariser un changement d’échelon, (c’est du vécu) – et la boucle est bouclée.

Vous ne serez donc pas étonnés que dans un pays suradministré, nous soyons surimposés, surtaxés, surfliqués, que les normes européennes soient surtransposées, et que l’on sur-emmerde les Français en général et les agriculteurs en particulier plutôt que de nous foutre la paix.