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Le 5 décembre d’un appelé du Contingent Commémoration à Lunéville en Lorraine

, par  DiaOulRu , popularité : 3%
Article de NJ2 du 11 décembre 2008, repris pour mémoire.

A Lunéville en Lorraine, conclusion du discours à la Journée du 5 décembre 2008 par un Appelé du Contingent

Mesdames et Messieurs,

Les deux témoignages que nous venons de vous livrer ne sont pas destinés à nous vanter mais à rappeler ce qu’ont vécu les 2 5OO OOO ‘appelés’ de 2O ans qui se sont succédé de 1954 à I962 en Algérie, et qui y ont donné 2 ans, voire 2 ans et demi des plus belles années de leur jeunesse, et pour 27 OOO d’entre eux, leur vie, soit une moyenne de dix morts par jour. Les mêmes épisodes dramatiques ont été vécu par des milliers et des milliers d’entre nous mais nos compatriotes l’ignorent car notre ‘Guerre d’Algérie’, cette guerre des Conscrits de 2O ans, a été occultée, calomniée, salie et falsifiée par des films, des journaux et des livres où nous avions toujours le mauvais rôle.

Comme me disait récemment une jeune voisine quadragénaire : « … on ne sait rien de la Guerre d’Algérie et le peu qu’on nous en a dit à l’école ce fut pour dire du mal des soldats français… ». Alors, Madame, je vais vous dire : ‘la guerre d’Algérie’ ce fut non seulement des embuscades et de vrais combats avec des morts et des blessés et beaucoup de souffrances, ce fut aussi les attentats aveugles qui pouvaient nous faucher, tout comme les civils, nos frères et sœurs Pieds Noirs à la sortie d’un cinéma ou à la terrasse d’un café. Nous y avons connu l’immense tristesse, d’être séparés de nos familles pendant un an, et le déchirement de repartir encore pour un an, après une permission d’un mois et même moins. Qui ne se rappelle les adieux sur le quai de la gare, nos mères qui n’en finissaient pas de nous embrasser et de nous caresser le visage pour en garder le souvenir vivant dans leur mémoire, et nos pères qui conservaient le plus longtemps possible nos mains dans la leur et broyaient notre épaule comme s’ils avaient voulu nous donner une partie de leurs forces et un supplément de leur vie tout en murmurant ce conseil à la fois dérisoire et pathétique : « …garde-toi bien, mon fils, garde toi bien … ».

Nous y avons connu la chaleur écrasante et la soif, le froid dans les montagnes de l’Atlas , de la Kabylie et des Aurès, la fatigue destructrice qui nous faisait nous endormir à même le sol sans avoir le courage d’enlever nos brêlages, et la peur, oui nous avons eu peur et il n’y a aucune honte à l’avouer. Ce fut tout cela la Guerre d’Algérie. Mais malgré tout, Madame, nous les conscrits de 2O ans, qu’on avait enlevés à la chaude affection de nos familles et des copains du quartier, avec nos sous-lieutenants et lieutenants à peine plus âgés que nous, avec nos capitaines rescapés d’Indochine, nous avons gagné cette guerre sur le terrain, tous les historiens le confirment, mais nous avons eu le crève-cœur de la voir perdue sur le tapis vert de la diplomatie et de savoir abandonnés à leur sort des milliers de nos compatriotes. Alors au soir de notre vie, mes chers compagnons, nous avons comme devoir de refuser toute repentance et de refuser qu’on salisse notre Armée et Nous par la même occasion, car en salissant l’armée française d’Algérie, c’est nous les conscrits de 2O ans qu’on salit ! Bien au contraire, nous avons mérité la reconnaissance et la défense éclatantes de l’Etat le respect de tous nos concitoyens, et qu’on dise enfin à nos petits enfants, dans leurs écoles et collèges, que leurs grands-pères, quand ils avaient 2O ans, ont été des soldats courageux et des citoyens exemplaires dont ils peuvent être fiers et qu’ils peuvent admirer.

Mes chers compagnons, je crois que c’est le plus beau et la plus belle des récompenses qu’on pourrait nous donner

Xxxxxxx ancien parachutiste et principal de collège, honoraire.