
La tribune de cette semaine, brulante d’actualité, s’adresse en principe aux « hommes », mais pas seulement. Les humains qui anatomiquement seraient dotés d’un corps de femme, mais qui se sentiraient viscéralement hommes et hétéros, sont aussi concernés par l’accusation de harcèlement – dont aucun homme, serait-il eunuque et par les temps qui courent, n’est totalement à l’abri.
Vous trouverez donc ci-après quelques précieux conseils, qui devraient vous éviter, si vous les suivez scrupuleusement, d’être accusé un jour lointain de harcèlement par une femelle dont vous ne vous rappellerez même pas :
Le bon sens voudrait que vous laissiez tomber les femmes, toutes les femmes, quel que soit leur genre, et reportiez votre libido sur votre propre sexe. L’homosexualité, voilà l’avenir. Chaque sexe chez soi, les cochons seront bien gardés, et les femmes pourront s’écrire en inclusives.
Mais comme je vous soupçonne d’être d’indécrottables amateurs de femmes (on se demande ce que vous pouvez bien leur trouver) alors : si vous êtes chef d’entreprise, et donc présumé harceleur, ne recrutez que des hommes (méfiez-vous quand même, il y a des hommes genrés femmes qui pourraient vous poursuivre pour non-harcèlement, cette fois). Vous serez certes condamné pour discrimination, vous irez en prison, mais, ouf !, pas pour harcèlement. L’honneur ne sera pas pour autant sauf, et vous serez quand même mis au ban de la société.
- D’une manière générale, vous éviterez tout contact physique avec les femmes que vous croiserez dans votre quotidien, y compris les moins harcelables, on ne sait jamais. Ne leur faites pas la bise, ne leur serrez pas la main, ne leur tenez pas la porte, ne leur approchez pas une chaise, ne remplissez pas leur verre à table, ne leur cédez pas votre place dans les transports en commun. Ne venez pas à leur secours si elles se font harceler (on pourrait penser que ce n’est pas votre courage que vous avez écouté, mais le vilain petit cochon qui sommeille en vous et qui vous suggère de profiter de votre auréole de sauveur pour subjuguer madame).
- Non seulement vous ne les toucherez pas, vous ne les frôlerez même pas, mais vous vous tiendrez à distance de sécurité – je vous conseille la greffe d’un système anti-collision comparable à celui que l’on trouve maintenant dans la plupart des automobiles, et qui bipe lorsqu’on s’approche de trop près d’un obstacle-… et pas question de leur sourire, et encore moins leur parler. Le classique « Il fait beau aujourd’hui, ne trouvez-vous pas ? », et c’est le RAID (si bien nommé) qui rapplique illico.
Bon, admettons maintenant (bien que l’hypothèse ait de moins en moins de chance de se réaliser) qu’une femme se laisse suffisamment approcher pour que vous puissiez entamer un cycle de séduction.
Ne perdez jamais de vue que, quelqu’approche que vous ferez, celle-ci doit être acceptée sans équivoque par votre cible. Oubliez l’adage « qui ne dit mot consent ». C’est tout le contraire. En cas de litige, ce sera à vous de prouver que vos intentions étaient suffisamment transparentes pour que la dame ait été en mesure de donner un consentement éclairé et préalable…
Alors, pour éviter toute mauvaise surprise, ne vous séparez pas, à chaque étape de votre démarche, d’un document précisant ce que vous souhaitez faire à votre partenaire, expliquez-le lui en détail, répondez aux questions éventuelles, et faites-le lui signer.
Ex : je voudrais maintenant caresser ton dos entre la 3ème et la 7ème vertèbre. As-tu bien compris ma chérie ? Désigne ta 3ème vertèbre ? La 7ème ? Ecris lisiblement « je suis d’accord pour que tu me etc….Signature, précédée de la mention « lu et approuvé », daté, en double exemplaire.
Vous me direz qu’une femme de mauvaise foi (c’est très rare, mais on peut jouer de malchance) pourra toujours alléguer qu’elle ne savait pas bien ce qu’elle signait, ensorcelée qu’elle était par votre charme.
Alors je vous propose, si vous en avez les moyens, de vous faire assister pendant toute la durée de l’opération par un huissier. L’huissier étant assermenté, son témoignage certifié sera votre garantie absolue qu’il y a bien eu consentement.
Non, ne me remerciez pas, c’est la moindre des choses, un peu de solidarité entre specimen d’une espèce menacée.