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L’entreprise : un acteur économique, pas une œuvre de charité

, par  IREF , popularité : 12%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Bonjour Visiteur à partir du 15 juillet 2025

Dans un article publié dans le Journal des Libertés no. 27, hiver 2024, Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste et président de l’IREF, raconte l’histoire de la pensée économique, témoignant d’une lente et progressive découverte des vertus de l’échange volontaire, longtemps méconnues ou même condamnées. Aristote , figure majeure de l’Antiquité, considérait l’échange uniquement comme un acte visant à rétablir une égalité entre les parties, sans création de valeur. Le juste prix, pour lui, se fondait sur l’harmonie sociale et le besoin collectif, et non sur l’utilité individuelle. Cette vision condamnait la chrématistique, c’est-à-dire le commerce poursuivi pour le gain, et légitimait la fixation administrative des prix au nom du bien commun.

Il fallut attendre le Moyen Âge et la redécouverte du droit romain pour que la réflexion évolue. Saint Thomas d’Aquin, tout en restant fidèle à Aristote, reconnaissait déjà que le prix pouvait légitimement varier selon la rareté et l’abondance locales. Un marchand de blé pouvait ainsi vendre plus cher dans une région frappée de pénurie, sans être tenu de dévoiler l’arrivée prochaine de nouveaux stocks. Cette évolution marque un premier pas vers la reconnaissance du rôle des circonstances et de l’offre et de la demande.

Le véritable tournant survient avec l’École de Salamanque au XVIe siècle. Ses penseurs, parmi lesquels Domingo de Soto et Luis de Molina, replacent l’échange au centre de l’économie et affirment que les prix résultent librement des choix individuels des acteurs du marché. Les prix montent quand les acheteurs sont nombreux et baissent quand les vendeurs abondent, observation empirique encore d’une étonnante actualité. Cette approche valorise la subjectivité : la valeur d’un bien ne dépend plus de sa nature ou de son coût de production, mais de l’estimation personnelle des individus, même si cette estimation paraît « stupide ».

Cette conception rompt avec la justice commutative aristotélicienne fondée sur une égalité de l’échange définie par des critères collectifs et arbitraires. Elle affirme l’importance d’un prix déterminé par la rencontre libre des offres et des demandes, indépendamment de la richesse ou de la pauvreté des parties. Pour Molina, le prix « naturel » naît spontanément du jeu du marché et des préférences individuelles, sans intervention de lois ni de décrets.

L’École de Salamanque jette ainsi les bases d’une compréhension moderne du marché comme institution productrice de richesse, fondée sur la liberté et la responsabilité individuelles. Chaque échange repose sur une estimation subjective et mutuellement avantageuse : si Pierre échange sa pomme contre la poire de Paul, c’est qu’il préfère la poire et vice versa. Chacun y gagne, bien que le prix et la valeur soient perçus différemment.

L’Église, tout en demeurant prudente face à l’égoïsme que suppose le marché, finit par reconnaître son utilité comme instrument au service du bien commun. Saint Augustin, déjà, admettait que les institutions humaines, même imparfaites, pouvaient contribuer à la concorde et au bien-être terrestre. Plus récemment, Benoît XVI et Jean-Paul II, confrontés à l’échec du communisme, ont admis le rôle positif du marché dès lors qu’il reste encadré par l’éthique.

Ce long cheminement intellectuel révèle que la richesse naît non d’un prix fixé d’en haut mais de l’échange libre, où la diversité des préférences individuelles et la rareté façonnent naturellement la valeur. Cette redécouverte, amorcée à Salamanque et poursuivie jusqu’à nos jours, fonde une vision libérale et réaliste de l’économie, opposée à toute prétention technocratique de planifier ou contrôler les prix au nom d’un intérêt collectif abstrait.

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