par Jacqueline

Stacy A. Cummings gère, entre autres, les achats d’armement de l’OTAN. Son budget est de 7 milliards d’euros par an. De quoi tenter le diable. Cette ancienne du département américain de la Défense, devenue directrice générale de l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NSPA), a été prise la main dans le pot de confiture par sa DRH, à l’occasion de contrats portant sur des drones et des munitions. Ses complices sont des anciens de l’OTAN ou en font toujours partie.

Des informations confidentielles auraient été transmises à des entreprises d’armement afin de leur faciliter l’obtention de contrats. L’argent provenant de ces pratiques illégales aurait été blanchi par des sociétés de conseil créées tout exprès. Le 30 avril 2025, les 32 États membres de l’OTAN ont ouvert une enquête à l’encontre de Stacy Cummings. Dans un courrier que La Lettre s’est procuré, l’Américaine est accusée d’avoir ignoré des signalements de malversations. La DRH de l’agence, Geneviève Machin, allègue que deux responsables ont donné instruction au bureau d’enquête de ne pas poursuivre des « cas manifestes de corruption, impliquant des sommes d’argent importantes, dans lesquels les mêmes noms de membres du personnel reviennent sans cesse ».

Le chef de cabinet de Stacy Cummings aurait exercé des pressions sur la DRH pour qu’elle modifie les conclusions d’un comité de sélection chargé de recruter un directeur des acquisitions pour la NSPA. La petite annonce avait été publiée en 2023. Personne ne s’était mis d’accord sur le candidat idéal. Il devait plaire à la fois aux corrompus et aux non corrompus. Il a donc fallu la republier sur LinkedIn fin 2024. Salaire mensuel de base : EUR 14 949,34 € non imposable. Vaccination covid complète obligatoire. Honnêteté sans doute pas obligatoire… Enfin, cela dépend de qui recrute.
L’OTAN enquête sur l’OTAN

L’enquête menée par la NSPA elle-même, coordonnée par Eurojust, couvre le Luxembourg où l’agence est basée, mais aussi la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne et les États-Unis. Deux Belges et trois Hollandais, dont un ancien employé du ministère néerlandais de la Défense, ont été arrêtés pour corruption. En revanche, au Luxembourg, après diverses perquisitions, aucun des suspects n’a été arrêté.

En 2023, Stacy Cummings avait créé un bureau d’enquête « afin de renforcer les contrôles et processus internes existants ». En réalité, ce bureau aurait été, selon la DRH Geneviève Machin, utilisé « pour monter des dossiers incriminants contre les hauts dirigeants de l’organisation ».

Ni l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Jen Stoltenberg, ni l’actuel, Mark Rutte, n’étaient officiellement au courant. Un scandale ne doit surtout pas freiner les achats d’armes nécessaires à la poursuite de la guerre en Ukraine : « L’OTAN a besoin d’une augmentation de 400% de sa défense aérienne et antimissile », a déclaré Mark Rutte. En janvier 2024, Jens Stoltenberg, qui était alors secrétaire général de l’OTAN, et la directrice générale de l’Agence NSPA, Stacy Cummings, avaient signé des contrats d’achat de :

« • 220 000 obus d’artillerie de 155 mm pour 1,2 milliard de dollars,
• 1000 missiles Patriot (Raytheon et MBDA) pour 5,5 milliards de dollars,
• lance-missiles Manpads Stinger pour 700 millions de dollars,
• munitions d’artillerie de 155 mm pour 4 milliards de dollars.
La NSPA a également prévu l’achat de six aéronefs E-7A Wedgetail à Boeing. On ne connaît pas le tarif, mais pour en avoir une idée, le ministère britannique de la Défense en a commandé trois pour 2,4 milliards de dollars ».
Qui est le ministre français des Armées ?

Sébastien Lecornu est jusqu’à présent passé à travers les gouttes des divers scandales de la Macronie. Un soupçon de prise illégale d’intérêt avait été classée sans suite. Le délit de favoritisme le rattrape à présent. Lorsqu’il était ministre des Outre-mer du gouvernement Castex, il aurait attribué à l’ancien présentateur de TF1 Jean-Claude Narcy, sans appel d’offres, des marchés publics pour qu’il réalise, en 2021 et 2022, deux expositions aux frais du ministère. Peu de chose par rapport au scandale des fournitures de l’OTAN.
Le ministre des Armées tarde à défendre l’industrie française

L’OTAN réservant ses plus grosses commandes aux États-Unis, le député LFI Aurélien Saintoul a demandé au ministre des Armées comment il entendait défendre la production des industriels de l’armement français.

« Des enquêtes falsifiées auraient notamment ciblé un ressortissant français, secrétaire exécutif de la NSPO (l’organisation de soutien logistique de l’OTAN), en fabriquant de fausses preuves à son encontre. Elle aurait également exercé des pressions pour favoriser la nomination d’une ressortissante étatsunienne au poste stratégique de directrice des acquisitions, en dépit de candidatures concurrentes, notamment françaises. Par ailleurs, elle aurait influencé un appel d’offres afin de privilégier l’achat de missiles Patriot ».

La question date du 27 mai 2025. Au 10 juin 2025, Sébastien Lecornu n’a toujours pas réagi.
Secret défense ? Sébastien Lecornu ne connaît pas

Le député Horizons Loïc Kervran s’inquiète des risques en matière de fuite des données du ministère des Armées. Elles sont gérées par l’américain ServiceNow soumis au droit extra territorial américain. Le secret défense de notre armée n’est donc pas applicable au Pentagone. Pas besoin d’espionner la France, puisque c’est open bar. Peut-on y voir une trahison ? On aurait du mal à y croire quand à la tête du ministère nous avons non seulement un colonel de réserve de la Gendarmerie nationale, mais aussi un commandeur de l’Ordre du Lion (Sénégal), commandeur de l’Ordre de l’Etoile de Mohéli (Comores), commandeur de 1re classe de l’Ordre royal de l’Etoile polaire (Suède) et chevalier dans l’Ordre de Saint Charles (Monaco).

En plus il peut arborer sur sa poitrine la médaille Zayed II de 1re classe (Émirats arabes unis) et la médaille de l’Ordre du mérite de 2e classe (Ukraine). Sébastien Lecornu est plus décoré qu’un général soviétique sous Staline ou que le président d’une république bananière, c’est dire si on peut lui faire confiance pour défendre les intérêts de la France.

source : Le Média en 4-4-2